Léon au bout du monde

Je ne me souvenais pas que ça piquait autant… un coup de soleil sur les pieds…

En même temps, il ne peut pas y avoir que des avantages à parcourir le monde pour exercer une profession assez répandue et plutôt facile d’accès. Je n’aurais pas dû zapper l’étape crème solaire avant de faire cette expédition.

Aujourd’hui, je suis là, à préparer le trip que quelques volontaires réaliseront dans un mois, sous le regard curieux et réaliste des caméras d’une grande chaine de télévision. Je suis chargé de repérer les dispensaires et hôpitaux autour de chaque étape imposée par le jeu dont le tournage démarrera dans moins d’un mois.

Le Costa Rica, destination de rêve.

Ses volcans, ses baies cachées, sa végétation luxuriante, le bleu de l’océan Atlantique si intense. J’ai parcouru la Colombie, le Guatemala et me voici maintenant dans ce pays d’Amérique centrale qui me faisait rêver depuis longtemps.

Et ouais, je ne suis pourtant qu’un infirmier parmi tant d’autres.

Sauf que je parcours le monde grâce à mon diplôme.

Après quelques années d’exercice assez classiques, j’ai tout quitté : la fonction publique hospitalière et ma première team (ma deuxième famille, celle qu’on choisit) pour sortir du système et partir aux quatre coins du globe. Je ne regrette rien, surtout pas les rappels sur les repos, les nuits imposées et l’obligation de rendre des comptes à des supérieurs hiérarchiques qui n’ont aucun respect pour mon corps de métier.

Maintenant, je suis un électron libre qui décide où, quand et comment. Je suis infirmier pour les émissions de télé-réalité où les concurrents doivent survivre dans des conditions difficiles, en milieu étranger et parfois même hostile.

 Je voyage d’émission en mission, de pays en continent, de chaine en touches de télécommande.

On m’aperçoit rarement sur les écrans et c’est tant mieux. Avec le médecin qui m’accompagne, nous sommes appelés pour des coupures, des éraflures. De temps en temps une déshydratation ou un malaise vagal viennent ponctuer nos journées ensoleillées. Avec parfois pas d’hôpital à moins de cinq cent kilomètres alentour, la polyvalence et l’adaptabilité sont de mise !

Pendant que les candidats tentent de trouver leur nourriture par eux-mêmes en dormant à la belle étoile, nous séjournons à l’hôtel ou chez l’habitant. Toujours dans des conditions confortables.

Comment j’ai chopé ce job et réussi à intégrer ce monde ?

Un avantage principal : je suis bilingue. Mes compétences de nageur et mes années de pratique en compétition à haut niveau ont, évidemment, augmenté le poids dans la balance.

J’arrive à partir deux à trois fois par an. Entre chaque émission télévisée, je continue de voyager. J’ai un diplôme de soudeur plongeur en eau profonde et pour vous donner un ordre d’idées, nous ne sommes qu’une petite vingtaine dans le monde à posséder ces compétences … Alors, autant vous dire que je suis régulièrement appelé.

Et ma vie privée dans tout ça ? Eh bien je ne sais pas comment je fais, mais j’arrive à voir, malgré tout, mes fils grandir. Il faut dire que ma femme assure avec brio. Elle s’est accommodée de ce mode de vie et ne m’a jamais empêché de partir. Je crois que je ne pourrais pas avoir une vie, disons, rangée.

J’ai vraiment aimé faire mes débuts en milieu hospitalier il y a douze ans. Comme je le disais précédemment, j’y ai rencontré des personnes qui font partie de ma vie encore aujourd’hui. Nous étions tous proches. De l’ASH à la cadre. Cette dernière est d’ailleurs un peu une idole pour moi. Je sais qu’on va encore me traiter de fayot, mais je n’ai aucune honte à reconnaitre l’estime que j’ai pour les belles personnes. Non je ne peux pas le nier, mes années de pratique en service de soins font partie de mes biens les plus précieux. Je me souviens encore d’un patient qui m’a contacté lors d’un réveillon de Noël pour me remercier de lui avoir sauvé la vie quelques années plus tôt. Il fêtait alors son quatrième Noël en famille depuis l’événement.

Je n’ai plus vraiment de contact avec des patients aujourd’hui, mais mes trésors résident dans les rencontres humaines que je fais tous les jours à travers le monde, les panoramas incroyables dont on ne mesure la beauté que lorsqu’on les contemple du haut d’un volcan.

J’aime ma vie telle qu’elle est et la richesse de mon métier en fait l’éclat.

Je m’appelle Léon, je suis infirmier et je parcours le monde.

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